Agriculture biologique
Dernière mise à jour le 27 novembre 2024
Les Chambres d’agriculture du Grand Est ont lancé en 2021 une étude sur la pérennisation des fermes bios, pour laquelle elles ont été soutenues par la Région Grand Est et les Agences de l’Eau Rhin Meuse et Seine Normandie. Cette étude a permis d'alimenter les réflexions dans le cadre de l'élaboration du Plan Bio 2023-27, en lien avec les partenaires (Etat, Région, Agences de l'Eau, Bio en Grand Est).
Depuis 2015, les surfaces engagées en agriculture biologique ont plus que doublé. A l’échelle de l’exploitation, ce sont les modes de production qui sont repensés en lien avec la réglementation. Et à l’échelle des filières, il s’agit de se préparer à recevoir et commercialiser les produits en conversion et les futurs volumes de produits bios. Par rapport à leur projet initial de conversion, les agriculteurs ne peuvent plus compter sur les aides au maintien et doivent s’adapter à l’évolution du cahier des charges bio avec la mise en place de la nouvelle réglementation européenne au 1er janvier 2022.
Dans ce contexte mouvant, comment les agriculteurs vivent leur passage en bio ? C’est la question à laquelle les chambres d’agriculture du Grand Est se sont intéressées ; les enjeux étant la viabilité économique des fermes bio (capacité à poursuivre sans MAB) et indirectement la stabilité des filières.
Pourquoi cette étude de pérennisation ? Réponses en images...
Les Chambres d’agriculture ont ainsi engagé une étude en 3 phases auprès des 1 234 agri-viticulteurs engagés en bio sur la période 2016-2019 :
Un accompagnement collectif est venu se greffer en 2023 pour répondre à des besoins d’échanges entre les agriculteurs.
En 2021-22, les Chambres d'agriculture du Grand Est ont mis en place une enquête des 1 234 agriculteurs engagés en bio entre 2016 et 2019.
Globalement, les résultats sont rassurants : seulement 13% réfléchiraient à arrêter la production en AB ou diminuer la part de bio sur leur ferme. Dans le détail, seulement 1,5% envisage sérieusement d’arrêter l’AB (11 fermes) et 9% envisagent peut-être d’arrêter (64 fermes) ; le reste envisage de diminuer la part de bio. Donc pas de perspective d’arrêt massif au moment de l’enquête.
A l’inverse, 87% des fermes souhaitent maintenir ou développer la bio. Parmi elles, la moitié des mixtes prévoit de passer complètement en AB dans les prochaines années, soit 4500 ha sur les 10230 ha conduits en non bio dans l’échantillon interrogée.
Les fermes souhaitant arrêter sont globalement plus grandes (156 ha contre 99 ha pour l’échantillon total), rencontrent plus de difficultés et sont plus nombreuses à avoir démarré le bio avec une situation économique difficile. Globalement, les céréaliers, éleveurs bovin lait et allaitant sont ceux qui souhaitent le plus arrêter à l’avenir en proportion. A l’inverse les producteurs de PPAM et maraîchage sont plus optimistes.
Ceux qui veulent arrêter ont bénéficié d’autant d’accompagnement (89%) que ceux qui veulent continuer (88%).
La Haute-Marne est le département où il y aurait le plus d’arrêts ou de diminution proportionnellement aux répondants.
La Marne est le département où il y aurait le plus d’arrêts ou de diminution en valeur absolue.
Parmi ceux qui souhaitent continuer en AB, ils sont majoritaires à avoir cité la motivation éthique/environnementale et vient en 2ème position la motivation économique. A l’inverse, dans l’échantillon de ceux qui veulent arrêter ou diminuer l’AB, la motivation la plus citée est la motivation économique et ensuite éthique/environnementale. Ce qui coïncide avec le fait que la raison principale de ne pas maintenir l’AB sur les fermes est le manque de rentabilité.
Ces diagnostics individuels de 2 jours ont pour objectif de faire un état des lieux complet de la situation de la ferme et des agriculteurs dans leur projet bio. Ils permettent d’identifier des points ports/points faibles et des pistes d’évolution et ainsi d’apporter des préconisations aux agriculteurs.
Par ailleurs, dans le cadre plus global de l’étude de pérennisation, les éléments des diagnostics font ressortir des problématiques partagées et des solutions. L’analyse de tous les diagnostics complète les résultats de l’enquête, permettant de mieux connaître la situation des agriculteurs bios.
Les diagnostics sont réalisés par les conseillers des chambres départementales d’agriculture. Une visite et un échange avec les agriculteurs de la ferme positionnent l’exploitation sur 6 thématiques : humain, structurel, technique, réglementaire, économique et commercial. Ce diagnostic propose des leviers technico–économiques, organisationnels, juridiques, commerciaux...
La synthèse des 124 diagnostics montre que la réglementation bio est globalement bien appréhendée par les agriculteurs rencontrés. Les aspects technique, économique et filières posent plus de difficultés. Ces conclusions sont en concordance avec les résultats de l’enquête.
Cette nouvelle forme d’accompagnement s’est mise en place fin 2023. Les conseillers bio des chambres du Grand Est ont travaillé à la préparation d'un module de réunion ou formation à destination des agriculteurs sur la pérennisation de leur ferme en bio.
Cette action n’était pas prévue initialement dans l’étude de pérennisation mais a répondu à un besoin pour une approche complémentaire au diagnostic individuel.
4 réunions collectives, sur une journée ou une demi-journée, ont déjà eu lieu en 2023 auxquelles 54 agriculteurs bios ont participé. D’autres journées sont prévues en 2024.