La spécialisation des territoires et des exploitations, observée depuis plusieurs décennies, a conduit à une forte dépendance des élevages du Grand Est vis-à-vis des aliments importés, en particulier des milliers de tonnes de soja OGM chaque année.
Cette situation fragilise la filière en raison des impacts économiques, environnementaux et sociétaux, notamment liés au transport, à l’introduction d’OGM et à la volatilité des prix.
Pourtant, la région pourrait atteindre une autonomie protéique de 99,5% pour l’alimentation des élevages, en valorisant ses ressources locales sous-utilisées, comme la luzerne, les drêches de brasserie et les pulpes de betteraves.
Les protéines végétales sont issues des végétaux cultivés et sont destinées à l’alimentation humaine ou animale.
Quand on parle de protéines végétales, on pense d’abord aux légumineuses fourragères ou à graines. Une large gamme d’espèces et modes de culture sont envisageables, même si toutes les espèces ne sont pas adaptées au contexte pédoclimatique du Grand Est et que beaucoup de limites techniques, agronomiques et économiques existent. Les surfaces en légumineuses rentent faibles aujourd’hui en Grand Est (7.5 % des surfaces cultivées en 2022), mais aussi plus largement en France et en Europe.
Les cultures oléagineuses ou de céréales sont également source de protéines végétales, soit en valorisation directe ou par l’utilisation des coproduits des process industriels. Ces espèces très présentes dans les rotations, présentent des enjeux agronomiques, environnementaux et économiques différents.
La spécialisation des territoires et des exploitations, observée depuis plusieurs décennies a engendré une dépendance des élevages aux aliments produits en dehors du territoire Grand Est, ce sont des milliers de tonnes de soja qui sont importées chaque année. Cette pratique fragilise la filière tant sur les plans économique, environnemental et sociétal que par son impact lié au transport, l’introduction d’OGM dans l’alimentation mais aussi la volatilité des cours des intrants.
Pour autant, la région Grand est pourrait être autonome à 99.5 % sur l’alimentation de l’élevage par ses ressources locales variées (luzerne, co-produits tels que drêches de brasserie, pulpes de betteraves …) jusqu’ alors sous-valorisées.
A l’échelle nationale, le Plan de Relance Protéines vise à accroitre l’indépendance de la France pour son approvisionnement en protéines végétales destinées à l’alimentation humaine et animale, en accompagnant la structuration des filières et les investissements post-récolte (AAP France AgriMer) mais aussi le programme Cap Protéines+ porté par Terres Inovia pour les productions végétales et l’IDELE pour les productions animales.
Les systèmes de culture sont soumis à différentes contraintes techniques (gestion des ravageurs, contraintes climatiques), réglementaires (restrictions d’utilisation des produits phytosanitaires, disparition de certaines molécules) et économiques (instabilités des productions, fluctuations des prix). Afin de pallier ces problèmes, différents leviers sont étudiés.
Citons par exemple :
• L’insertion de légumineuses, comme le soja ou la féverole, dans les assolements : ces cultures ont l’avantage d’apporter de l’azote dans les systèmes et constituer une ressource riche en protéines ;
• L’introduction des prairies temporaires ou de luzerne dans la rotation qui permettent de casser les cycles des ravageurs, contribuer à la réduction de l’usage des intrants chimiques et accroître la biodiversité sur les parcelles.
Les partenaires du projet ARPEEGE ont étudié le potentiel agronomique de ces cultures en Région Grand Est.
Le soja est une culture qui produit des graines riches en protéines particulièrement intéressante pour l’alimentation du bétail.
Capable de fixer l’azote de l’air et peu consommatrice de produits phytosanitaires, c’est aussi une culture intéressante d’un point de vue agronomique.
Développer les surfaces de soja en France nous permettrait d’améliorer notre autonomie protéique et d’approvisionner nos filières non-OGM tout en limitant le recours aux intrants. Mais est-il réaliste de vouloir produire du soja partout ? Quels est son potentiel de rendement dans la région Grand Est ? Où se situent les territoires les plus favorables à la production ?
Découvrir le potentiel de développement de la culture de soja en Grand Est
Connue pour ses bénéfices agronomiques, la luzerne tient également ses promesses comme fourrage riche en protéines. En effet, économe en produits phytosanitaires et autonome en azote, elle permet également de structurer le sol par son système racinaire profond. Mais alors comment utiliser et bénéficier au maximum de tous ses atouts ?
Zoom sur son potentiel d’implantation en Grand Est selon ses critères d’exigences pédologiques, et retours sur les résultats d’une enquête de pratiques agriculteurs, avec une surface agricole de 3 millions d’hectares, la région Grand Est cultive en 2020, 86 000 ha dont 60 % pour les unités de déshydrations et 40 % autoconsommé par les élevages de ruminants.
La luzerne dans les zones de polyculture-élevage du Grand Est
La quantité de MAT des luzernes récoltées et la valeur alimentaire de la luzerne évolue en fonction des stade de fauche
Fiche récolte et conservation de la luzerne plante entière
La densité en protéine de la luzerne ne permet pas de concurrencer pour les rations des animaux, les apports dense permis par le Soja.
Des travaux ont été réalisés pour ne conserver à la récolte que la partie la plus dense en protéines, la feuille.
Poster expérimentation récolte et conservation feuilles de luzerne
Nous pouvons imaginer de multiples ressources protéiques alternatives au tourteau de soja OGM importé : soja cru, toasté ou extrudé, luzerne, colza, pois, féverole, prairies, …
Zoom sur quelques références acquises :
Poster de synthèse sur l’effet du toastage de graines de soja sur les performances des vaches laitières
Détails de l’étude sur l’évaluation technique, économique et environnementale de l'introduction de soja dans un système de polyculture-élevage pour améliorer l'autonomie protéique
Une vingtaine de « fermes pilotes » en quête d’autonomie ont été suivies dans le cadre du projet.
Un diagnostic via l’outil devautop a été réalisé sur les exploitations.
Pour en savoir plus sur l’outil, suivre ce lien.
Ce module de calcul permet de réaliser à l’échelle d’une exploitation, un chiffrage du niveau d’autonomie et de sa dépendance aux ressources protéiques importées.
Antoine Abbeloos, une autonomie recherchée à l'échelle de l'exploitation
EARL de Chenecieux, une autonomie recherchée à l'échelle de l’exploitation et du territoire
EARL des deux moulins – Schnepp, une autonomie recherchée à l'échelle de l'exploitation
GAEC de l’Uvry, une autonomie recherchée à l'échelle locale
EARL de la Hesse, une autonomie conservée grâce au pâturage tournant
EARL Guillaume, une autonomie recherchée à l'échelle de l'exploitation
Le Partenariat Européen pour l’Innovation (PEI) ARPEEGE (Autonomie en Ressources Protéiques et Energétiques des Elevages du Grand Est) réunit 24 acteurs pour améliorer l'autonomie alimentaire des élevages du Grand Est.
Il favorise l'introduction de légumineuses et de plantes protéiques pour augmenter la biodiversité, préserver l'eau et répondre aux besoins en protéines et énergie des élevages.
Faciliter les Interactions Céréaliers Eleveur
Le projet CASDAR FICELLE, piloté par la Chambre d'Agriculture du Grand Est, vise à renforcer les interactions entre les céréaliers et les éleveurs à l'échelle territoriale pour améliorer l'autonomie des exploitations. En favorisant des échanges durables entre fermes, ce projet cherche à optimiser l'utilisation des ressources (cultures pour nourrir les élevages et effluents pour fertiliser les cultures) tout en préservant les services écosystémiques de l'élevage, comme la fertilité des sols et la biodiversité. S'inscrivant dans une démarche nationale, il se déroule jusqu'en 2026, en s'appuyant sur quatre territoires pilotes pour créer des outils pratiques au service des agriculteurs.