Le terme « polyculture-élevage » est défini comme : l’association de cultures et élevages, le plus souvent à l’échelle de l’exploitation agricole, mais cette association peut être travaillée et considérée aussi au niveau territorial.
Avec près de 11 900 exploitations, la polyculture élevage, est un système très présent en Grand Est en représentant plus d’une exploitation sur deux (hors exploitations viticoles). Ces systèmes d’exploitation diversifiés sont aussi vecteurs de solutions aux enjeux locaux et globaux. Cependant, ce sont des systèmes fragiles économiquement (prix des intrants, de l’énergie, des infrastructures et de l’investissement, etc.), socialement (viabilité, perception négative par la société et attractivité), et ils demeurent vulnérables face au changement climatique (fourrage, eau d’abreuvement, etc.).
La polyculture-élevage à l’échelle territoriale a de nombreuses vertus : notamment celui de boucler les cycles des nutriments en recyclant la matière organique et en diminuant l’importation et la dépendance aux intrants (fertilisants chimiques). Elle permet également d’accroître la résilience des systèmes, notamment en sécurisant le système fourrager.
Certaines coopérations entre agriculteurs s’opèrent déjà sur le territoire Grand Est : échange foin/fumier, pâturage des intercultures, vente de fourrages « sur pied »… Ces relations entre agriculteurs sont complexes et nombreuses. Dans le cadre du projet ARPEEGE une classification des interactions a été réalisée.
Une autre étude réalisée en 2021 permet de lister et caractériser un ensemble d’outils qui permettent d’accompagner les agriculteurs dans le suivi et la formalisation de ces coopérations.
Les interactions durables entre éleveurs et céréaliers sont le fruit d’une relation de confiance qui se construit au fil du temps comme en témoignent Marie et Maxime l’un éleveur dans les Ardennes et l’autre céréalier en Moselle.
L’intégration culture-élevage peut être abordée de différentes manières. Elle peut d’abord être définie par une approche à l’échelle d’une exploitation. Le principe est de travailler l’autonomie des exploitations en optimisant l’utilisation des ressources entre les différents ateliers : produire des cultures riches en énergie et protéines, choisis par rapports aux besoins spécifiques des élevages de l’exploitation et par circularité valoriser les effluents d’élevage pour fertiliser ces cultures. Plus une ferme est « couplée » entre ses ateliers, plus elle améliore ses performances économiques et environnementales.
Mais les exploitations ont évolué de telle sorte qu’il est parfois plus opportun de réfléchir à mettre en place des interactions à l’échelle d’un territoire, entre fermes plutôt que de modifier le fonctionnement d’une ferme pour rétablir des connexions culture-élevage. A l’échelle territoriale, les interactions cultures-élevages peuvent être à l’origine d’actions collectives et sociales innovantes.
Fort de l’expérience et des connaissances acquises dans le projet Argeege (Autonomie en Ressources protéiques et Energétiques des Elevages du Grand Est), le projet CASDAR FICELLE, est porté et piloté par la Chambre d’Agriculture du Grand Est. Il a commencé fin 2023 et va se dérouler jusqu’à fin 2026. Le projet s’inscrit dans une démarche nationale de reconnexion entre les ateliers d’élevage et de grandes cultures dans des régions où l’élevage est soit en difficulté, soit a presque totalement disparu. A l’échelle nationale, quatre territoires de travail ont été identifiés avec des types de productions agricoles très différents et des contextes sociaux et climatiques également très différents. Sur la base de ces quatre territoires pilotes, le projet vise à élaborer une boîte à outils mobilisable par les animateurs de collectifs d’agriculteurs pour faciliter la mise en place des échanges entre fermes de manière durable.
L’objectif est donc de conserver les services apportés par l’élevage (fertilité des sols, biodiversité et paysages…) tout en s’adaptant à la transformation du paysage agricole.
Contact :
Benoît Brouant
benoit.brouant@grandest.chambagri.fr